Emilienne Malfatto lauréate 2023 du Prix du Deuxième Roman

Le jury final du Prix Littéraire du 2e roman a délibéré dans les locaux de Lecture en Tête, et a décerné cette douzième édition à Emilienne Malfatto pour Le colonel ne dort pas (Edition du Sous-sol, 2022)

Emilienne Malfatto

Dans une grande ville d’un pays en guerre, un spécialiste de l’interrogatoire accomplit chaque jour son implacable office.
La nuit, le colonel ne dort pas. Une armée de fantômes, ses victimes, a pris possession de ses songes.
Dehors, il pleut sans cesse. La Ville et les hommes se confondent dans un paysage brouillé, un peu comme un rêve – ou un cauchemar. Des ombres se tutoient, trois hommes en perdition se répondent. Le colonel, tortionnaire torturé. L’ordonnance, en silence et en retrait. Et, dans un grand palais vide, un général qui devient fou.

La remise du Prix Littéraire du 2e roman 2023 s'est déroulée le samedi 1er avril 2023 à Laval dans le cadre du Festival du Premier Roman et des Littératures Contemporaines, en présence du président du Prix Sorj Chalandon.

Rétrospective

Le colonel ne dort pas E.Malfatto.jpg

Le lancement de l'édition 2023 du prix Littéraire du 2e roman s'est déroulé le 24 septembre dans les locaux de Lecture en Tête, en présence des lecteurs-jurés du prix, venus principalement de la Mayenne, mais aussi de la Sarthe, de Paris, du Morbihan et de l'Ile et Vilaine.

La matinée était consacrée à la présentation et au déroulement du prix, et à la remise des 11 deuxièmes romans en lice parus en 2022.
Après une conférence de presse et une pause déjeuner, les lecteurs ont participé à un temps de formation à la critique littéraire animée par Olivier Nahum, journaliste et animateur littérature.

11 deuxièmes romans en lice pour cette 12éme édition

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Bleu nuit
Bleu nuit
(Sabine Wespieser, 2022)

Bleu nuit

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Pendant des années, l’auteur de cet intense monologue est parvenu à tenir en laisse ses souvenirs. Tétanisé à l’idée d’affronter le monde extérieur, celui qui était devenu journaliste vit cloîtré dans son appartement, tout en parvenant à donner le change à sa rédaction. Un appel téléphonique fait basculer son existence : Alma, la seule femme qu’il ait aimée, vient de mourir. Le lendemain de son enterrement – auquel il s’avère incapable de se rendre –, il sort enfin de chez lui, décidant de vivre dans la rue après avoir jeté ses clefs dans une bouche d’égout. Dans un périmètre bien délimité autour du cimetière du Père-Lachaise, il change d’emplacement tous les soirs, cherchant à conjurer les violentes réminiscences qui malgré tout le hantent : ce bleu profond de la mer qui l’obsède, ce soleil écrasant…
Réfugié dans sa nouvelle errance, il ponctue ses semaines par des échanges fugaces, mais quotidiens, avec des femmes ou des jeunes filles, toujours les mêmes, dont le prénom rime avec celui de son Alma disparue. À son insu, comme si ces figures le révélaient à lui-même, des images refoulées de vergers en fleurs, des odeurs d’iode, d’anis ou de jasmin le submergent… Renonçant à lutter contre l’insoutenable déferlante du passé, que ni les rituels, ni la drogue, ni l’alcool n’ont pu contenir, il baisse la garde… Ses nuits tourmentées, sur lesquelles veille la fidèle Minuit, une chienne rencontrée sur une tombe, il va les consacrer au récit du cauchemar éveillé dans lequel il se débat depuis si longtemps, et qu’il avait pourtant essayé de fuir en venant s’installer de l’autre côté de la Méditerranée.

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Dire
Dire
(Mercure de France, 2022)

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Issu d’un milieu modeste où il se sent incompris, le narrateur coupe très tôt les ponts avec sa famille et monte à Paris. Bravant l’autorité paternelle et l’indifférence maternelle, il s’inscrit aux Beaux-Arts. Bientôt, il devient le protégé d’un grand couturier, qui l’introduit dans le monde de la mode. Il fait ses classes dans une célèbre maison de couture où son ascension est fulgurante. Mais pourra-t-il trouver sa place dans ce monde-là ?
Dans ce roman bref et percutant, le narrateur se met à nu avec ses réussites, ses échecs et ses espoirs.
 

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Qui sait
Qui sait
(Gallimard, 2022)

Qui sait

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Avant d’être enceinte, Pauline ne s’était jamais posé la question de ses origines. Et puis cela devient crucial. Elle sonde alors le sens des mystérieux prénoms secondaires qui figurent sur sa carte d’identité : Jeanne, Jérôme, Ysé. Fantaisie et drame, fantasme et réalité se mêlent dans ce récit envoûtant, qui nous conduit tour à tour sur les traces d’une aïeule aliénée, d’un ami de la famille disparu et d’une héroïne de fiction. Avec Qui sait, Pauline Delabroy-Allard signe un deuxième roman virtuose, ode à la toute-puissance de l’imagination et de la littérature.

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Fuir L'Eden
Fuir l'Eden
(Finitude, 2022)

Fuir l'Eden

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Adam a dix-sept ans et vient de tomber amoureux, là, sur le quai de la gare de Clapham Junction, à deux pas de cet immeuble de la banlieue de Londres où la vie est devenue si sombre. Cette fille aux yeux clairs est comme une promesse, celle d’un ailleurs, d’une vie de l’autre côté de la voie ferrée, du bon côté. Mais comment apprendre à aimer quand depuis son enfance on a connu plus de coups que de caresses ? Comment choisir les mots, comment choisir les gestes ?
Mais avant tout, il faut la retrouver...

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Le champ des cris
Le champ des cris
(Seuil, 2022)

Le champ des cris

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Au bout de l’impasse du Champ-des-Cris se trouve la maison d’Onésime, inhabitée depuis sa mort. Après une déconvenue personnelle, le narrateur, qui a passé là une partie de son enfance, décide de s’y installer. Il a pour seule compagnie Nicole, une vieille voisine qui fut jadis le premier amour d’Onésime. Ensemble, ils œuvrent à élucider le passé. Nicole lui révèle des pans insoupçonnés de l’existence d’Onésime, ancien maquisard, personnalité taciturne et énigmatique intimement marquée par les violences de son temps.

Dans ce roman au style éblouissant, Adrien Genoudet explore la mémoire d’un lieu pour brosser le portrait sans concession d’une période qui, aujourd’hui plus que jamais, continue de trouver écho en nous. À travers le personnage inoubliable d’Onésime, Le Champ des cris arpente nos hantises – et rend sensibles les vies abîmées par les drames du siècle, les tumultes de la Résistance, les ambivalences de l’Histoire.

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Les innocents
Les innocents
(Grasset, 2022)

Les innocents

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Noé Stéphan, 35 ans, est en garde à vue. La police l’accuse d’avoir intentionnellement tué l’un de ses amis, Paul Chance, qui avait roué de coups sa propre femme. Noé plaide son innocence, il s’agit d’un accident.
Alors que l’épouse de Noé, Ayla, avocate, tarde à le rejoindre au commissariat, l’interrogatoire se déroule de façon musclée. Noé tente de s’enfuir, mais sa tête heurte très violemment le sol, on le jette en cellule à demi-inconscient. Il va mourir, il appelle à l’aide, c’est alors que les figures de son enfance lui apparaissent  : le voici devant le tribunal de sa conscience, dont le juge est sa mère, Jocelyne Daoulas. L’affaire en cours ? Déterminer comment Noé en est arrivé là. Il doit prouver à la juge qu’il est innocent.
Noé voit alors toute son enfance défiler devant ses yeux et se retrouve à Saint-Sébastien-sur-Loire, près de Nantes. Un premier âge marqué par l’absence du père, et où sa mère, La Joce, trime comme intérimaire pour entretenir son fils et son frère étudiant en philosophie. Sur ordre de sa mère, dans la cour de récréation, Noé joue avec les filles pour éviter la violence, mais se retrouve victime d’une bande de garçons. Il se lie d’amitié alors avec Gabriel Kalender, un enfant de l’école, réfugié kurde, capable de mettre en déroute n’importe qui. La famille Kalender l’accueille comme un des leurs, il épouse leur cause et leurs combats.
Les premières amours, les premières fois se succèdent, alors que le père absent, prétendument «  marin au long cours  » mais en réalité en prison, meurt le jour de sa libération dans un accident de voiture. L’enfant doit dès lors construire sa masculinité sans figure paternelle. Au seuil de l’adolescence, Noé apprend que son père a fait partie d’un réseau indépendantiste breton et part enquêter sur son propre passé. Avec l’amour sous tous ses visages (la vierge inaccessible, la bonne copine confidente, l’initiatrice délurée…), le sport (des pages inouïes sur le hockey subaquatique  !), le sexe, les soirées, les bagarres, il découvre la part de violence inhérente à l’existence. Gare au jugement de la mère Joce… s’il se réveille du coma où l’a plongé le choc initial au commissariat.
Cette épopée de l’enfance chez les jeunes de la France des classes moyennes, des pavillons et des petites cités est une incroyable «  comédie humaine  » contemporaine, où Mahir Guven mêle avec brio le grave et le comique, la légèreté des premières fois et l’examen de conscience d’un homme adulte, sur un ton cocasse, proche du dirty realism.

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Vivance
Vivance
(Seuil, 2022)

Vivance

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Une mauvaise herbe entre deux plaques de bitume. Le soleil printanier chauffant les pommettes. Une voiture brûlée dans un décor intact. Une maison en cours de réfection. Le lit d’une rivière redessinant ses contours. Viser une cible en plein centre. Viser une cible à côté. Marcher dans l’eau. S’entendre raconter une vie qui n’est pas la sienne. Être tenté de l’essayer pour voir ce qu’elle a de si désirable. Prendre une photo qui ne parlera qu’à soi. Attendre. Déblayer un chemin. Trouver une clairière. S’asseoir. Choisir sa route. La tension dans les muscles. Faire la course. Distinguer les couleurs. Trouver une personne belle. Le lui dire. S’installer près de l’eau. Écouter les histoires. Prendre le visage des autres. Se glisser dans leur peau. Vivance.

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Peine des faunes
Peine des faunes
(Julliard, 2022)

Peine des faunes

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Peine des Faunes nous plonge dans la vie quotidienne d’une famille tanzanienne en 1986. Rébecca élève huit enfants. Sa fille aînée, Maggie, rêve d’étudier à l’université. Mais Rébecca entre en lutte contre une compagnie pétrolière sur le point d’exproprier les habitants de son village natal. Son départ précipité fait brutalement basculer le destin de Maggie et pose la première pierre d’une tragédie familiale s’étirant sur cinq générations.
De la Tanzanie des années quatre-vingt à l’Écosse contemporaine, Peine des Faunes est une ode poétique à la fragilité de la condition humaine et un urgent plaidoyer pour le vivant. Tissant ensemble les thématiques féministe et environnementale, Annie Lulu brosse une galerie de portraits de femmes inoubliables, dont le combat pour la liberté et la justice finira par être récompensé.

 

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Le colonel ne dort pas
Le colonel ne dort pas
(Sous-sol, 2022)

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Dans une grande ville d'un pays en guerre, un spécialiste de l'interrogatoire accomplit chaque jour son implacable office. La nuit, le colonel ne dort pas. Une armée de fantômes, ses victimes, a pris possession de ses songes. Dehors, il pleut sans cesse. La Ville et les hommes se confondent dans un paysage brouillé, un peu comme un rêve - ou un cauchemar. Des ombres se tutoient, trois hommes en perdition se répondent. Le colonel, tortionnaire torturé. L'ordonnance, en silence et en retrait. Et, dans un grand palais vide, un général qui devient fou. Le colonel ne dort pas est un livre d'une grande force. Un roman étrange et beau sur la guerre et ce qu'elle fait aux hommes.

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Consolée
Consolée
(Autrement, 2022)

Consolée

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1954. Au Rwanda sous tutelle belge, Consolée, fille d'un Blanc et d'une Rwandaise, est retirée à sa famille noire et placée dans une institution pour "enfants mulâtres".Soixante-cinq ans plus tard, Ramata, quinquagénaire d'origine sénégalaise, effectue un stage d'art-thérapie dans un Ehpad du Sud-Ouest de la France. Elle y rencontre madame Astrida, une vieille femme métisse atteinte de la maladie d'Alzheimer qui perd l'usage du français et s'exprime dans une langue inconnue.En tentant de reconstituer le puzzle de la vie de cette femme, Ramata va se retrouver confrontée à son propre destin familial et aux difficultés d'être noire aujourd'hui dans l'Hexagone.
Histoire d'une réparation symbolique et d'une langue retrouvée, Consolée est un roman poétique, bouleversant, qui met en résonance le passé colonial et la condition des enfants d'immigrés.

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Tribu
Tribu
(La Contre-Allée, 2022)

Tribu

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Elvire et Yann d’ un côté, Mina de l’autre. Trois personnages que tout oppose, qui n’ auraient sans doute jamais dû se rencontrer. Elvire, violoncelliste de renom ; Yann, prêt à tout pour conserver l’ amour de la musicienne ; et Mina, femme de ménage qui n’aurait rien contre le fait de mettre un peu de piment dans son existence. Des parcours différents, des milieux sociaux et culturels éloignés, trois personnalités, trois corps, qui vivent l’ expérience de l’ autre, avec attirance et répulsion en ritournelle.
Mina, Elvire et Yann, trois personnages en quête d’une vie plus grande, aux frontières des tabous et des interdits. Vivre plus fort, vivre vraiment. Mais les relations établies peuvent-elles réellement évoluer ? Domination et dépendance ne modèlent-elles pas les liens entre les êtres ? Jusqu’ où Mina, Elvire et Yann seront-ils prêts à aller pour souder leur relation ? L’ un ou l’ autre ne se fera-t-il pas manger par les autres ?

Composition du Jury

Yahia Belaskri (écrivain, Paris-75) ; Simon Berger (écrivain, Paris-75) ; Elisabeth Boussion (retraitée, Mulsanne-72) ; Sorj Chalandon (écrivain, Paris-75) ; Anne Collin (directrice, responsable humaines, Laval-53) ; Jessica Cousin (enseignant, Belle-Ile-en-Mer, 56) ; Christine De Malézieu-Marès (retraitée, Martigné-sur-Mayenne) ; Pascal Doucet (naturopathe, Laval-53) ; Héliéna Gasnier (aide-soignante, La Bazoge-72) ; Marie-France Heulot (retraitée, Laval-53) ; Antoine Huvet (consultant en organisation, Laval-53) ; Chantal Le Bigot (retraitée, L'Huisserie-53) ; Priscilla Le Marié (chargée de mission, Forcé-53) ; Chantal Lepvrier (retraitée, Val-du-Maine-53) ; Astrid Manfredi (écrivaine, Paris-75) ; Bérangère Maurel (accompagnatrice sociale, Laval-53) ; Fabrice Millon (écrivain/éditeur, Paris-75) ; Cindy Mollaret (voix-off, Fleurieux-69) ; Fabienne Papineau (enseignante, Saint Baudelle-53) ; Denis Philippot (retraité, Laval-53) ; Marie-Thérèse Piau (enseignante, Mayenne-53) ; Chantal Yvenou (retraitée, Domagné-35).